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La crémière navigue entre deux eaux
28 janvier 2011

"on the road again", three times a week.

Vous le savez, trois fois par semaine je me rends chez "la dame de l'étang noir", on pourrait croire que c'est un genre de voyage ordinaire et somme toute banal puisque répété maintes fois. Et bien oui et non ...

Tout d'abord le trajet: entre 45 minutes et une heure (aller, faut prévoir aussi le retour ..., gros malins!).

Suivant les saisons, il s'effectue de jour ou de nuit, on s'y retrouve coincé derrière les touristes en route pour la plage, on craint deux trois fois l'an la gelée ou la neige, plus souvent le brouillard... Suivant les heures de la journée, on calcule avec les retours de boulot, les sorties d'école, la cohue du marché, les camions chargés de grumes... Et si on arrive en avance, il y a l'emplacement où se câle quelques minutes, à proximité mais pas trop près... Moi j'aime bien le bord de l'étang, on peut y voir les pêcheurs, les hérons, et les gosses du village qui font du bruit sur leurs crampons en sortant de l'entrainement de foot sur la route bitumée.

Suivant les périodes et les heures de la journée, le programme musical ou radiophonique dans la voiture n'est pas le même: Les semaines d'avant concert sont assez mono-mélodiques: il y eut diverses versions: Te Deum de Lully, Gloria de Poulenc, Lieders de Brahms ... Sinon, c'est bien souvent la tranche 5 à 7 d'inter et depuis septembre les grands entretiens de F. B. Certains invités étaient carrément réjouissants, je garde le souvenir des paroles si pertinentes de l'acteur Robin Renucci, par exemple...

Et puis le trajet n'est pas le même suivant qu'on se situe à l'aller ou au retour:

A l'aller, les premières 10 minutes sont marquées par le stress, surtout si c'est à la sortie du boulot, à la bourre comme d'hab, et à l'heure délicate où tout un chacun cherche à s'extraire de la ville le plus vite possible, avec le goulot d'étranglement classique, chez nous, la traversée du fleuve... Le choix du pont est stratégique et dépend de l'heure et de la saison ... Puis, comme de toutes façon il n'y a ensuite qu'à suivre le flot, on commence à penser à ce que l'on va dire sur le divan: un rêve récent ? Une galère de boulot ou de famille ? La suite de la séance précédente ? L'inquiétude qui suinte depuis quelques jours ?... Ensuite, vers la fin du trajet, il se produit comme une immense lassitude: C'est pas possible de se taper tout ces kilomètres pour 20 à 25 minutes en moyenne de parole (ou de silence aussi des fois), non mais elle ne se rend pas compte, l'autre, là, de ce que ça représente ce cirque trois fois par semaine !!!

Au retour, parfois on est juste une rivière de larmes qui roule et déroule sa vie comme le ruban de bitume, inexorable, y'a juste à suivre, ça finit par se calmer... D'autres fois on ressort plutôt en colère, contre elle, et surtout contre soi. Merde! tout ça pour ça !!! Parfois aussi on se demande comment on fait pour arriver à trouver la force de repartir, de continuer à vivre ... Quelquefois encore, on en ressort avec comme un soleil qui brille dans le coeur ou dans le corps. On ne sait pas toujours pourquoi. C'est souvent d'ailleurs qu'on fait le trajet du retour avec la tête pleine d'interrogations : "Qu'est-ce qu'elle m'a répondu déjà, je ne me souviens plus..." ou "Mais pourquoi elle arrêté la séance sur ce mot, j'avais pas fini ma phrase!" ou encore, "Qu'est-ce qu'elle voulu dire avec sa réflexion tordue?"...

Cette heure ét demie (au moins) de trajet est bien sûr un temps d'élaboration et d'intégration du travail analytique, et fait partie intégrante de la séance.

Bon, ceci dit, quand ce sera fini (compter quelques années...) je ne suis pas sûre que ça me manquera tant que ça ces kilomètres de route dans la pinède ... Mais je sais qu'il y aura toujours un certain bord d'étang, une petite ville de bord de mer, qui évoqueront pour moi un peu plus qu'un lieu fréquenté par les touristes l'été.

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Commentaires
T
Mais j'aimerais bien, essayer... seulement je suis tellement irrégulière... une fois ici, une autre là bas !!!<br /> ;-))
S
> Teb, quand je vois l'épaisseur des partoches, je réponds oui, c'est du boulot !!! Mais aussi du plaisir et de la fierté d'y être arrivée. Et je maintiens ce que je pense, tu devrais essayer, même à une fois par semaine, on peut avancer, éviter de se prendre toujours les pieds dans les mêmes tapis. <br /> >Adienne: Quand tu n'as que 20 minutes, tu finis par accélérer les préliminaires, et oui, le trajet fait partie de la séance, aussi bien à l'aller qu'au retour. Entre chant et psychanalyse il y a comme un enrichissement mutuel. Mais non, le chant seul n'est pas un travail analytique. Cependant en ce moment j'expérimente des sensations physiques et harmoniques qui trouvent leur écho sur le divan dans la compréhension de ce que je suis. Pas sure que papi Freud avait prévu ça.<br /> > Joye, j'ai cru comprendre que tu avais pas mal de bornes à faire pour aller donner tes cours, mais les distances ne sont pas les mêmes dans le nouveau monde où tout est pour nous enropéens un peu disproportionné. C'est vrai que les trajets en voiture sont des sas de décompression et sont propices à la réflexion. Et merci pour le compliment, bien immérité.
J
On pourrait écrire des livres sur des trajets...moi, je n'ai pas de dame noire...euh d'étang voyeur...euh...mais j'ai souvent conduit une main sur le volant et l'autre sur ma hanche en indignation ! J'ai composé des discours de rénonciation, de dénonciation, de remerciements, de je ne sais pas encore dans ma tête. Je n'écoute pas la musique, plutôt les infos, des discussions politiques...si le speaker est trop nul, je ferme la radio et je chante à tue-tête...DANS LES PRISONS DE NANTES, L'ON DIT, L'ON DIT, DOUDON, L'ON DIT, L'ON DIT, L'ON D'Y DIT DOUDON, DANS LES PRISONS DE NANTES...je finis toujours par rire. :-)<br /> <br /> Cette semaine, je ferai le trajet avec la peur, on annonce une grooooooosse tempête de neige...<br /> <br /> Oui, bon, c'est comme ça, non, la vie ?<br /> <br /> Et que DIEU BÉNISSE LES FILLES ! Surtout les belles soumarines !
A
si j'allais chez la dame de l'étang noir et si je n'avais que 20 à 25 minutes de temps de parole, pour quand la session se termine je n'en serais toujours qu'aux banales préliminaires...<br /> je pense comme Zigmund, les réflexions pendant le trajet font partie intégrante du travail sur soi (et la voiture est très propice à ce genre de choses :-))<br /> il me semble que le chant choral doit être encore bien plus thérapeutique que les sessions ;-)<br /> au plaisir de te lire plus souvent ici!<br /> (j'ai trois annonces publicitaires, dont une pour faire de la plongée en Crète...)
T
Peut-on appeler "travail" quelque chose qu'on fait avec plaisir ?<br /> ;-) je me suis toujours posé la question...<br /> <br /> Sinon... 3 fois par semaine... hou là... quel courage ! Moi qui n'en ferais même pas une !!!<br /> <br /> Sinon... moi, là, j'ai des fenêtres, en pub, sous ton billet !!
La crémière navigue entre deux eaux
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