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La crémière navigue entre deux eaux
26 août 2010

je sais, j'aurais pas dû !

Bon, ce n'est pas une période moralement faste en ce moment, mais je dois bien avouer que de périodes fastes j'en ai pas connu des masses... Un vieux fond d'atavisme mélancolique sévit dans la famille depuis quelques générations, alors je n'allais pas faire exception, n'est-ce pas ? Bref, tout ça pour dire que ça va pas terrible terrible en ce moment, et qu'en plus ce moment est un moment qui dure...

Hier soir, j'ai un peu traîné sur le web (ma connection fonctionne correctement ces temps-ci, profitons en !), j'ai, de lien en lien, fait un petit tour sur notre "dresseuse d'ours", puis de là sur des blogs de collègues (psy). L'un d'entre eux avait relayé en juin (je sais c'est de l'histoire ancienne, mais j'avais pas la tête à ça à l'époque et apparemment mon ordi non plus) une pétition protestant contre un projet de suppression des psychologues scolaires. Bien sûr, et je sais que je n'aurais pas dû, je suis allée lire les coms concernant le relais de cette pétition de protestation.

Ben voilà, c'est pas original, je le savais depuis longtemps et ça ne m'a pas fait du bien, mais on trouvait là toutes sortes de coms. pas toujours amicaux: Des collègues psy accusant les psy scolaires d'être des instits planqués, des psy au rabais sans formation correcte, même si "certains trichent et passent en plus le DESS", des enseignants les traitant de grosses feignasses plus souvent en réunion que sur le terrain, des orthophonistes leur reprochant de leur mettre des bâtons dans les roues, des parents les traitant d'incapables...

Faut vous préciser que je suis moi-même psychologue scolaire.

Non, je n'ai même pas l'envie ni l'énergie de répondre à ce fatras sinon d'idioties, au moins de poncifs rétrogrades... Sauf peut-être aux quelques collègues psy (munis de leurs DESS, ils le précisent!) qui sont si peu sûrs d'eux qu'ils se sentent obligés d'agresser leurs collègues de l'éducation nationale, "collègues" qu'ils acceptent seulement dans la mesure où ces tâcherons sous-diplomés s'en tiendront à la passation de tests auprès des enfants... Et encore, car si ces collègues "vrais psys", exercent en libéral, ils deviennent alors très friands de ces fameux tests dont ils facturent le bilan entre 150 et 200 euros aux familles demandeuses de données chiffrées (comprenez un QI); et là évidemment le psy scolaire qui fournit le bilan en question gratuitement, au nom du service public, ça fait un peu concurrence déloyale!

Peut-être ne savez-vous pas ce qui différencie un psy scolaire d'un "vrai psy" ?

C'est surtout une très vieille histoire de pingrerie de l'éducation nationale qui n'a jamais voulu créer un corps de psychologues dans le premier degré. Mais comme il y avait de sacrés besoins (eh oui, la scolarité obligatoire pour tous a eu comme conséquence rapide l'entrée dans les écoles d'enfants posant de sérieuses difficultés d'adaptation au système, il a donc fallu trouver des critères pour déterminer ceux qui seraient "éducables" ou pas, d'où les travaux de Binet and Co qui ont mis au point les premiers tests d'intelligence - je vous la fais courte - et très vite la formation d'instituteurs destinés à détecter, orienter et prendre en charge ces enfants). Je rappelle que ces débuts héroïques se situent avant même les premiers balbutiements de la discipline "psychologie", laquelle ne s'est distinguée de la philosophie qu'après la seconde guerre mondiale.

Donc, jusqu'en 1989, les psy scolaires étaient des instits ayant exercé plusieurs années, que l'on formait ensuite pendant deux ans supplémentaires et qui passaient un diplôme pour devenir psy scolaires. A l'époque, il me semble bien que les psy formés par la fac s'arrêtaient en licence ou peut-être en maîtrise. En ce temps là, même les études de médecine étaient plus courtes, les DEUG n'existaient pas, la licence s'obtenait en deux ans d'études etc...

Depuis 1989, le titre de psy a été revu, les études et la formation de psy scolaire aussi.

Pour être psy scolaire, il faut d'abord être professeur des écoles, avoir exercé pendant au moins trois ans dans une classe ordinaire, être titulaire d'une licence de psychologie, avoir effectué dans un centre de formation dépendant d'une fac de psycho un an d'études spécialisées auprès de profs de fac et de psy scolaires, (au programme, en plus des cours et des exams, deux stages dont un au long cours sur l'année auprès d'un psy scolaire, une étude de cas, plus un mémoire et sa soutenance devant un jury présidé par des profs de la fac) ; et bien sûr réussir à obtenir son diplôme: le DEPS.  Ce DEPS donne droit au titre de psychologue, l'impétrant a même le devoir de se faire inscrire en tant que tel sur les listes ADELI auprès de la DASS. Au total, donc, si je compte bien, le psy scolaire actuellement a effectué 4 années d'études spécialisées en psycho, au lieu de 5 pour les "vrais psy" avec DESS (on dit master 2 maintenant).  Simplement, quand il commence à exercer, le psy scolaire n'est pas tout à fait une oie blanche, puisqu'il a pratiqué avant d'être psy un autre métier très différent certes mais dans l'humain et dans le petit d'humain même. Je ne tiens pas compte ici du concours et des années d'études qui l'ont mené auparavant au métier d'enseignant (Une à deux années d'IUFM, après une licence  - et en ce qui me concerne, mais je suis très vieille, trois années d'école normale-). Désormais les enseignants seront  recrutés au niveau master 2, donc auront effectué cinq ans d'études...

Personnellement, j'adorerais que l'éducation nationale me somme d'être titulaire d'un master 2 de psycho; le problème c'est que ce n'est pas dans son intérêt. Savez-vous que sur ma feuille de paye, je suis répertoriée comme "professeur des écoles", et que je touche royalement 69,16 euros chaque mois comme "indemnité particulière" puisque je suis psy... (Je vous fais ici grâce de l'absence d'indemnité de déplacement pour aller dans les différentes écoles, ainsi que des montages financiers "abracadabrantesques" imposés par les diverses administrations pour pourvoir aux divers achats de fournitures, jeux, tests, protocoles, ouvrages etc... indispensables à l'exercice de mon métier). Voilà donc le paradoxe: Et l'on sait bien en psychologie les effets délétères des injonctions paradoxales: pour l'éducation nationale, je reste un simple professeur des écoles, mais je suis titulaire d'un poste de psychologue scolaire et du titre de pychologue. Administrativement, si "le mammouth" décidait du jour au lendemain de fermer les postes de psy scolaires, il n'y aurait aucun obstacle à nous reverser dans les classes comme enseignants, puisque c'est ce que nous sommes officiellement. 

C'est tout de même assez agaçant ce diktat des années d'études et des diplômes par chez nous, il est même des pays où l'on considère que les psy scolaires français sont extrêmement bien formés puisqu'avant d'être psy ils ont dû être enseignants... Je précise que ce système de double compétence n'existe pas dans l'enseignement catholique qui recrute ses psy parmi les sortants de la fac, titulaires de masters 2, mais non enseignants.

Pour conclure, je ne suis pas sûre qu'il soit indispensable d'avoir été enseignant pour être un bon psy scolaire, ça aide certainement à mieux comprendre le fonctionnement du "mammouth", et les difficultés rencontrées par les enseignants dans leurs classes. Ceci dit, il faut aussi apprendre à se défaire de ce premier métier pour s'approprier le second, et l'absence de statut clair au sein de l'éducation nationale n'aide pas à cette métamorphose.

Enfin, et pour en revenir aux études, qui bien sûr sont indispensables, ainsi que les diplômes qui les sanctionnent, je crois que dans ma pratique actuelle,  ce qui me permet d'avancer au delà des connaissances acquises c'est le travail d'analyse que je fais. Cette psychanlyse je la fais d'abord dans un but d'épanouissement personnel, mais oh bonheur, il se trouve qu'elle induit une maturation et une réflexion sur ma pratique professionnelle qui va bien au delà d'une stérile querelle sur la valeur de tel ou tel diplôme de psychologie.

.... Ben je vous l'avais bien dit que j'aurais pas dû me pencher sur les com. concernant cette pétition, regardez où ça nous a menés! Et dire que c'est la rentrée dans moins d'une semaine!

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Commentaires
B
Bon. D'accord.
S
> Adrienne, je relis mon texte posté hier, et je le trouve particulièrement indigeste... T'as eu bien du courage à le lire jusqu'au bout! Ne t'en fais pas je ne doute pas de l'utilité de mon travail, sauf que l'échelle du temps de la transformation personnelle n'est pas la même que celle de la scolarité. Parfois des choses dites ne sont entendues que plusieurs années après. Si l'on est trop pressé et trop pressant, on aboutit à l'effet contraire de celui recherché... Et puis c'est vraiment le genre de boulot qu'il ne faut pas faire pour être aimé. J'y trouve un équilibre certain, je profite avec plaisir des remerciements et des réussites flagrantes (on est humain!) mais le boulot ne représente pas toute ma vie, et heureusement pour les gens que j'écoute! <br /> A plus, Soum.
A
et bien ça alors!!!<br /> je suis prof de FLE et coordinatrice pour les élèves du dernier degré (donc ceux qui sont en première et en terminale) et la psychologue qui vient deux fois par semaine est une auxiliaire précieuse et indispensable! elle est psychologue de formation (universitaire) et pas prof, évidemment! j'ai besoin d'elle pour aider les élèves qui ont toutes sortes de difficultés (familiales, personnelles ou autres)<br /> bon courage, Soumarine, et surtout sois bien convaincue de l'importance de ton travail, même si son efficacité n'est pas "mesurable"!
La crémière navigue entre deux eaux
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